Rasé

Publié le par Qalawun

Coupe de cheveux. Rasoir. Plus de barbe. Le week-end a été ravageur. Je me suis fait dragué au Shadow lounge. C'était avant la coupe de cheveux. Un Israélien. Petit, beau, drôle mais pas très original. Il s'approche et me demande "tu sais comment on dit "tu me plais" en hébreu ?". Je réponds: "Non". D'ailleurs j'ai oublié depuis. Je ne finis pas ma Corona. Le Shadow c'est pas mal, j'aime bien la configuration avec cette espèce de  piscine au centre. Une grosse dame blonde d'un bon mètre quatre-vingt et certainement 12 ou 13 stones s'agrippe à la barre de strip et entreprend une sorte de danse tournoyante. Elle manque de chuter dans la piscine - la barre est en surplomb -, et d'écraser trois crevettes qui dansent en groupe mais se rattrape in extremis.C'est la chance extraordinaire des soulards. Elle relève la jambe une dernière fois histoire que tout le monde voie sa culotte puis est récupérée par son amie, imposante elle aussi mais visiblement moins saoûle. Elles s'en vont. Moi aussi. J'en ai marre. Regent street. Bus "Ninety four... to... Acton Green" fait la voix pré-enregistrée. Comme ça, à chaque fois, je m'endors sur l'épaule de mon Israélien. Pas le dragueur du début du paragraphe mais bien le mien. On arrive. Je ne sais plus quel jours on est. Probablement samedi. Ah oui, dimanche, coupe de cheveux, rasoir. J'ai la flemme d'aller voir Kunyoshi à la Royal Academy of Arts. Je lis dans Soho park un bon article de Benjamin dans le Monde. Matte à droite à gauche, rentre à la maison et cuisine le dîner. Beignets d'aubergines et steacks et pâtes fraîches. J'aime. Il aime. Tout le monde est content.

La semaine précédente c'était le week-end du 1er mai. La fête du travail. La fête tout court car "mes amis du Louvre" étaient là. Sept moins un qui n'a pas pu venir. Arrivage décalé pour joli tir groupé. On était tous un peu crevés je crois. Tous plus ou moins empêtrés dans nos boulots respectifs. Le week-end est une suite de restaurants et de marches, sans trop de musées. Heureusement. Passage au Barcode le premier soir (un jeudi), mauvaise idée. Gay pick-up bar. Bières renversées, pousse toi d'là et gros relous. Un petit brunch au Français du coin le samedi, un pot dans un pub rue Windmill, samedi soir au 1001 à Bricklane, dimanche à Angel. Sympathique. Heureux d'avoir (enfin) découvert Bricklane et ses magasins de vieilleries des années 60. On achète quatre paires de lunettes pour 15 pounds. Il y a un magasin qui vend des T-shirts avec des imprimés sympa (j'y suis retourné ce samedi pour acheter une Kate Moss qui fait un doigt), il y a des gens saoûls à 5 heures. Le 1001 est pas mal, sorte de club peuplés d'énergumènes hétéroclites et de toutes les couleurs. Ca change des bars gays. Une terrasse, un bar du genre libre-service, une videuse aimable. Une volée de marches et un grand espace de canapés usés et de tables basses. Les toilettes et ses tags de pédés, refoulés sans doute. Call to suck my 9 inch cock suivi d'un numéro de téléphone... je n'appelle pas. Musique relativement bonne dans la partie boîte. L'équipe de rastas qui gère la musique de la partie bar plie bagages. Bugger. Ca ferme, évidemment. Trop tôt. On termine en face avec une autre bière. Je suis bien éméché mais tiens parfaitement debout. Pas forcément envie de rentrer. On s'engouffre dans un taxi. On fait des blagues en parodiant Une Vie et le style XIXème. Tout le monde sait que j'ai toujours été frustré de n'avoir pas fait de khâgne. On avait jamais autant ri ensemble depuis longtemps. Etait-ce 58 pounds jusqu'à Hammersmith? Hotel pour les uns, chez moi pour les autres. Dodo. Dimanche. Petit déjeuner. Victoria and Albert Museum. On essaye la crinoline mise à disposition du public dans une alcôve pédagogique des salles 19ème. Pub. Roast and mash potatoes. Train pour les uns. Lundi.

Mon ami bibliothécaire veut aller voir la Wallace collection. Ca tombe bien, moi aussi. Il n'aime pas être appelé comme ça, il trouve ça réducteur. Evidemment, c'est réducteur, mais c'est pratique. Mon ami P., peut-être. Nous avons déjà abordé le sujet mais je ne me souviens plus très bien de comment il faudrait dire. A la Wallace collection il y a un fabuleux portrait d'homme par Franz Hals. Quelques beaux bronzes français. Watteau, Boucher, un autoportrait de Rembrandt, Jordaens, un Persée et Andromède de Titien abîmé, c'est beau. On loupe les hasards heureux de l'escarpolette mais découvrons un fantastique lustre de Boulle. J'aime bien le vétéran de retour du champ d'Horace Vernet, touchant, mis en difficulté par son rejeton, et au paquet digne d'un Tom of Finland. La collection d'armes est impressionnante et il y a même quelques beaux exemples d'armes indiennes. Une exposition sur l'orfèvrerie pendant la Grande Peste que nous n'allons pas voir. Une cafette à laquelle nous ne nous asseyons pas. Il fait gris. Oui, l'histoire des fontaines Wallace qui me rappelle Amélie Poulain et Madeleine Wallace. Plus tard, le G.A.Y. late. Musique commerciale, encore et toujours, trop jeune, vraiment bof. On rentre. Boulot. Week-end. Creuvé (pourquoi faut-il que je mette toujours un "u" à crevé?).

Vacances. Je m'envole demain pour La Rochelle. Un vol direct. Pour les saints de glace. Une semaine de temps de chiotte est prévue. Merde.



Horace Vernet, The Veterant at home
1823, the Wallace Collection


Publié dans Jour après jour

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A
merci pour le commentaire...sur mon blog si peu actif...je t'avais envoyé un mail apparemment à une mauvaise adresse..en as-tu un valide?
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