Boire et conduire

Publié le par Qalawun

Minuit passé, ce dimanche. Mais jeudi. Suite ininterrompue de verres. Couché trop tard pour être à l'heure au boulot le lendemain. Je me souviens de ma nuit. Comment elle a commencé, comment elle s'est terminée. J'en ai même profité pour tirer quelques histoires personnelles au clair. Vendredi est une interminable journée de travail. Vendredi soir. Suite ininterrompue de verres. Je maîtrise. Encore une de ces soirées d'expatriés qui n'ont qu'à boire, travailler et passer des check-points. OCHA, l'Office for Coordination of Humanitarian Affairs, une agence de l'ONU, organise sa soirée trimestrielle. Mêmes gens, même musique, mêmes carnets de tickets pour acheter ses verres. Chaque coktail revient à 15 NIS. Moins de 3 euros. Autant dire que pour ce prix là... Je maîtrise la montée. D'autres oublient volontairement de compter leurs verres. Ils tombent  sur le sol. C'est devenu commun. Mon Israélien s'en va. Je le rattrape. Il est une heure, la nuit ne fait que commencer.

Sources de Main en Jordanie Main hot springs in JordanEn Jordanie, les cascades d'eau chaude de Ma'in.

Je n'en peux plus de la fatigue de la veille, ce génial jeudi soir, mais ne peux pas encore partir d'ici. Je le rattrape, donc. Il me sort des choses diablement incongrues qu'il est allé chercher je ne sais où. S'ensuivent près de quatre longues heures de discussion. Je reviens dans la soirée, il revient me chercher en ayant paqueté ses affaires et claqué la porte avec ses clés dedans. On se bat dans la rue après la fermeture et le départ des gens. Il doit être 3 heures et quelque. On s'agrippe, se balance contre les murs de la rue Ibn Battuta. Plus loin, dans une autre rue, la police israélienne nous arrête. Contrôle d'identité. Je leur parle mal. Il faut dire que du haut de leur fourgon ils ne sont pas aimables. On est tout prêt de la maison d'Orient. La vénérable institution palestinienne fermée par les autorités israéliennes en 2002. Elle est gardée par deux molosses qui m'effrayent à chaque fois. J'essaye encore une fois de m'échapper de lui. J'en croise qui rentrent fumer des joints à Nakhlaot, d'autres qui raccompagnent des jeunes filles ivre morte (ça se met au pluriel ?). Cette fois, c'est lui qui me rattrape. Nous nous mettons finalement d'accord pour rentrer à la maison par deux chemins différents. On a besoin d'air. Je prends le chemin le plus long. Longeant la Ligne Verte, la station Paz, mon coiffeur et la rue Salah al Din. Quand j'arrive, il est déjà là dans le noir. On se couche. J'envoie un sms pour dire que je ne viendrai pas fumer un dernier joint à Nakhlaot. Avec regrets. Il éteint. Sorry, me dit-il. Nous nous sommes pourris notre soirée. Il m'a pourri ma soirée. C'est le deuxième vendredi consécutif. Samedi, dimanche, week-end d'amoureux, comme si de rien n'était. 

Le théâtre romain d'Oum Qais - Gadara - Um Qais theaterLe théâtre d'Oum Qaïs, l'ancienne Gadara, en Jordanie

Une échappée à Naplouse samedi après-midi. Un check-point volant sur la route 60. Aveuglé par le projecteur du Hummer braqué sur moi, j'arrête ma voiture lancée vite sur la route. Il fait nuit. L'énorme machine fait un bruit d'enfer. Les deux soldats nous font baisser la vitre. Contrôle d'identité. Ils veulent nos passeports. On tend au premier soldat nos ID israéliennes. Il ne prend pas la peine de les lire et nous retourne, en aboyant, une salve de "passport! hawiyyah!". Hawiyyah est le mot arabe pour dire carte d'identité. Il pense qu'on est soit Palestiniens, soit touristes non-résidents. Il est agressif. Comme toujours. Je lui dis qu'il faut qu'il apprenne à lire les ID israéliennes. Il la lit. Vexé, il nous laisse passer.

A street in Gadara - Um Qais, JordanOum Qaïs, toujours

Toujours en rentrant de Naplouse, le check-point de Hizma, avant Pizgat Zeev, une colonie importante de la ceinture de Jérusalem-Est. Je vérouille les portes de la voiture à 15 mètres du check-point. Ca loupe pas. Le militaire arrête ma BM. Je baisse la vitre. Il tente d'ouvrir ma porte. Ils n'ont pas le droit d'ouvrir les véhicules. Il est vert. Le temps passant, on prendrait presque un malin plaisir à traverser ces check-points.

La mer morte en Jordanie, Jordanian shore of the Dead SeaLa mer Morte, côté jordanien

Publié dans Jour après jour

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Z
oui ça s'accorde: des jeunes filles ivres mortes...je vous lis depuis un petit moment déjà, ( vous êtes le deuxième signet sur lequel je clic lors de ma tournée de carnets ) un vrai délice, j'adore !  vous me faites voyager ...
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