Capoeira à la German Colony
Je suis presque endormi sur le canapé quand ma colocataire rentre. Je sais qu’on a notre premier cours de capoeira dans une heure et je n’ai pas envie d’y aller. Il faut prendre la voiture, il fait froid. Elle fait à manger. Des haricots aux champignons, des bouts de fromage racornis, le tout arrosé de sauce soja. Deux minutes au four à micro-ondes et c’est prêt. Et bien c’est même meilleur que le bon plat malien. On avale la platée assez vite et nous voilà partis, elle m’a convaincu. Le cours est à la German Colony, un quartier assez chic de Jérusalem, principalement peuplé de kippa suga, des religieux modernistes, par opposition aux ultra-orthodoxes. Kippa suga, ça veut dire kippa tissée. Ils portent tous des kippas de couleur, assez petites, en laine ou coton tissé. Les kippa suga respectent le shabbat, vont à la synagogue, mais ne portent généralement pas le talith. Et surtout, ils sont partie prenante de l’Etat, de sa vie, à l’inverse des ultra-orthodoxes.
Rue de Jaffa - Yom Kippour
Bref, après cette brève description imprécise, on arrive au cours dans une sorte de maison de la jeunesse. On se présente. On est les seuls à ne pas parler hébreu et le prof, nolens volens, commence un exercice de traduction assez bien mené en décrivant les instruments de musique traditionnels de la capoeira. Je n’ai d’ailleurs retenu aucun nom. Un drum, un tambourin et une sorte de cithare. Allez, c’est parti, on frappe tous dans nos mains et nous mettons à chanter le mananawéééé – mananawééé. C’est beaucoup plus difficile qu’on ne le pense… Le prof se casse et laisse la place à son meilleur étudiant. C’est assez drôle, je sens que je vais aimer ça. Ca a juste l’air d’une danse un peu sportive.
Rue de Jaffa - Poussette - Yom Kippour
L’étudiant – prof ne s’attarde pas trop avec les gros nazes débutants que nous sommes. Un mec assez bon s’approche de moi pour m’expliquer les fondamentaux. Il a une grande barbe et encore la trace de la kippa sur les cheveux. Il est blanc comme un cul mais a l’air assez sympa. En gros, c’est un religieux. Il m’entraîne un peu, me sourit et me dit que c’est bien. Je me dis qu’il me drague. Ma colocataire me dira ensuite qu’il n’osait pas la regarder. C’est vrai que lorsqu’on est un garçon religieux on bénit Dieu chaque matin de nous avoir fait homme – et pas femme. Bref, il est sympa et c’est avec lui qu’à la fin du cours je ferai ma petite démonstration. Vous savez, celle où deux gars combattent au milieu d’un cercle où tout le monde tape des mains au son de la cithare et du tambour. Il est vraiment cool. On range les tapis ensemble.
Une autre inscription homophobe
Il nous pose les questions habituelles : For how long have you been in Israel ? Do you love this country. Ce à quoi je réponds : “Yes, in a way…” Lui rétorque : “So, keep loving it in this way, only in this way”. Enigmatique. A la question “Where are you living ?” je réponds : “Quite far”, évitant ainsi de dire que nous habitons dans Jérusalem Est. Un endroit où il ne met probablement jamais les pieds. C’est drôle. Je me demande si j’ai vraiment envie de savoir ce qu’il pense du conflit israélo-palestinien, des arabes, de Tsahal, du mur. Ce gars est gentil, agréable, souriant. Certes, religieux – il enfile son talith, son pantalon noir et son chapeau à la fin du cours – mais sympa.
Porte de Jaffa, 17 heures
C’est dur. J’aimerais pouvoir lui poser ces questions et être surpris par ses réponses. Que le mur n’est pas légal car il empiète sur les Territoires Palestiniens, que les Palestiniens ne sont pas tous des terroristes, que l’armée israélienne outrepasse ses droits, que les colonies sauvages sont un fléau. J’aimerais pouvoir l’entendre dire ça. Mais j’ai bien peur qu’il pense tout le contraire. Religieux, surprenez-moi !
Rue de Jaffa - Yom Kippour Bref, après cette brève description imprécise, on arrive au cours dans une sorte de maison de la jeunesse. On se présente. On est les seuls à ne pas parler hébreu et le prof, nolens volens, commence un exercice de traduction assez bien mené en décrivant les instruments de musique traditionnels de la capoeira. Je n’ai d’ailleurs retenu aucun nom. Un drum, un tambourin et une sorte de cithare. Allez, c’est parti, on frappe tous dans nos mains et nous mettons à chanter le mananawéééé – mananawééé. C’est beaucoup plus difficile qu’on ne le pense… Le prof se casse et laisse la place à son meilleur étudiant. C’est assez drôle, je sens que je vais aimer ça. Ca a juste l’air d’une danse un peu sportive.
Rue de Jaffa - Poussette - Yom Kippour L’étudiant – prof ne s’attarde pas trop avec les gros nazes débutants que nous sommes. Un mec assez bon s’approche de moi pour m’expliquer les fondamentaux. Il a une grande barbe et encore la trace de la kippa sur les cheveux. Il est blanc comme un cul mais a l’air assez sympa. En gros, c’est un religieux. Il m’entraîne un peu, me sourit et me dit que c’est bien. Je me dis qu’il me drague. Ma colocataire me dira ensuite qu’il n’osait pas la regarder. C’est vrai que lorsqu’on est un garçon religieux on bénit Dieu chaque matin de nous avoir fait homme – et pas femme. Bref, il est sympa et c’est avec lui qu’à la fin du cours je ferai ma petite démonstration. Vous savez, celle où deux gars combattent au milieu d’un cercle où tout le monde tape des mains au son de la cithare et du tambour. Il est vraiment cool. On range les tapis ensemble.
Une autre inscription homophobe Il nous pose les questions habituelles : For how long have you been in Israel ? Do you love this country. Ce à quoi je réponds : “Yes, in a way…” Lui rétorque : “So, keep loving it in this way, only in this way”. Enigmatique. A la question “Where are you living ?” je réponds : “Quite far”, évitant ainsi de dire que nous habitons dans Jérusalem Est. Un endroit où il ne met probablement jamais les pieds. C’est drôle. Je me demande si j’ai vraiment envie de savoir ce qu’il pense du conflit israélo-palestinien, des arabes, de Tsahal, du mur. Ce gars est gentil, agréable, souriant. Certes, religieux – il enfile son talith, son pantalon noir et son chapeau à la fin du cours – mais sympa.
Porte de Jaffa, 17 heures C’est dur. J’aimerais pouvoir lui poser ces questions et être surpris par ses réponses. Que le mur n’est pas légal car il empiète sur les Territoires Palestiniens, que les Palestiniens ne sont pas tous des terroristes, que l’armée israélienne outrepasse ses droits, que les colonies sauvages sont un fléau. J’aimerais pouvoir l’entendre dire ça. Mais j’ai bien peur qu’il pense tout le contraire. Religieux, surprenez-moi !