Caviar et Taittinger

Publié le par Qalawun

Qui est capable de regarder X Factor et sa rediffusion le même jour ? Je dois être tombé bien bas. Je me rappelle qu'en 2001, ça devait être la première année du Loft, j'arrivais à faire ça aussi. Il y a quand même des très bonnes émissions parmi les mauvaises. Puis je sais pas, j'aime bien la gueule du mec qui est dans le jury, le chef. C'est fou cette quantité de candidats qui pleurent lorsqu'on leur dit "yes, yes, yes"... Comme si passer à la seconde étape de X Factor leur promettait un avenir meilleur. Comme si on ne leur avait jamais rien promis de bon. Et quand le jury se met aussi à pleurer. Ahhh, la télé.

Je suis allé visiter un appartement dans l'Est aujourd'hui, entre Algate et la Tamise. J'ai marché un peu en faisant des détours pour voir un peu du quartier en direction de Whitechapel. Des immeubles en construction, des petits commerces, des Français qui marchent en groupe, c'est pas très joli mais ça a l'air de bouger un peu. La mosquée du quartier est une grand bâtiment de brique rouge. Ouvert sur la rue avec un panneau du genre "exhibition" ou je ne sais quoi. Un endroit qui a l'air plutôt accueillant. On ne compte pas le nombre de femmes voilées dans le coin, quelques fashionistas en jean slim et wayfarer aussi, des jeunes couples avec poussette. Je m'engage dans New Road et longe des petits immeubles de deux étages en brique. Il y a un étage en sous-sol à chaque immeuble auquel on accède par un escalier en fer qui descend devant la facade. Du coup, il y a comme un grand vide devant les rangées d'immeubles. Une grille hérissée de pics empêche les passants d'accéder aux sous-sols mais pas les ordures. C'est sale.

Un carrefour avec un pub sympa, le bois peint, les jardinières, l'enseigne, le laiton, etc. Une troupe de jeunes assis en rang-d'oignons dans un jardient au pied d'une barre. L'image de Vicky Pollard de Little Britain me vient immédiatement à l'esprit. Des barres d'immeuble un peu courtes, trois étages, le long de la voix ferrée. La photo du site Internet avait l'air plutôt bien, une grande chambre aérée, pour 150 pounds la semaine, puis c'est pas si loin du centre. Pour plein de raisons valables, je dois chercher un truc temporaire pour un mois ou deux avant de louer un truc plus grand pour mon Israélien et moi. Et chercher un truc court-terme c'est la galère.

C'est au rez-de-chaussée d'une barre. Je toque, on m'ouvre. Une jeune fille de la vingtaine qui ne parle visiblement pas anglais. Elle va chercher sa pote, que j'avais eu au téléphone. Une toute petite jeune femme arrive. Je rentre et elle ouvre une chambre cadenacée au bout du couloir. La chambre est bien mais l'appartement semble pourri. Cinq personnes vivent là avec une seule salle de bains, une cuisine et deux chiottes. En jettant un coup d'oeil rapide je m'aperçois qu'il y a des chambres vraiment minuscules. Des choses s'entassent là-dedans, comme les gens. La chambre est vraiment grande mais j'aurais peur d'en sortir. De toute façon il n'y a pas de salon. La salle de bain fait la taille de la baignoire. Je n'imagine même pas le temps d'attente le matin avec tout ce monde. Pour se raser. L'horreur. Déjà que je déteste me raser. Bref, je sors et passe sous la voie ferrée que je longe. Je remarque que du maïs a poussé sur un talus qui longe la zone désaffectée au pied du chemine de fer. C'est drôle du maïs en ville. Heureusement, un rayon de soleil me coupe l'envie de me tirer une balle. Avec le random de l'i-pod qui choisit Anthony & The Johnsons, c'était idoine.

Je reviens en métro puis descend à Oxford Circus. La foule, la foule. On a du mal à marcher sur les trottoirs. Des Français, des Français, des Français... C'est contrariant. Je traverse Soho et m'arrête dans des librairies. C'est beaucoup plus animé ce week-end qu'auparavant j'ai l'impression. Des beaux barbus, des couples de garçons, de filles, des touristes, d'autres couples avec poussette, de tout, un marché, le bar du marché et moi qui marche dans des feuilles de vieux choux. Ca m'a fait beaucoup de bien de voir du monde, en fait vu, que je commençais un peu à tourner en rond. J'étais pas en grande forme à vrai dire. On a fini le catalogue pour la vente d'octobre. Voilà une semaine que je terminais entre dix heures et minuit, à mal dormir et à me lever tôt. J'ai écrit mes premiers textes en anglais qui seront donc publiés. Bon, ils sont passés à la moulinette mais ça fait drôle. Pour nous remercier de nos longues heures, le boss nous a filé les boîtes de caviar beluga qui dormait dans le frigo. C'est plutôt sympa. Autre partie attrayante du boulot, le fait qu'on bosse dans le même immeuble que d'autres départements de vente. Avoir dans ses mains une émeraude grosse comme une prune montée par Cartier dans les années 1920, ça fait disparaitre le monde entier pour ne laisser plus soi noyé dans la couleur verte.

Une fois passé ça, je me rends compte que je suis tout seul pour bouffer mon caviar. J'ai quand même acheter une bouteille de Taittinger, du citron et des toasts. Je me ferai ça demain pour fêter mon dimanche. Après tout, je me ferai ma messe à moi. Je visite une autre chambre dans l'ouest cette fois, vers Notting hill où il y a un carnaval, je crois. Une bonne raison d'aller voir la faune locale.

Publié dans Jour après jour

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D
C'est curieux, ce culte de l'individuation qui a pour corollaire une promiscuité générale !
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